Neuvaine

Dimanche 17 mars 2024 : « France qu’as-tu fait de ton baptême ? »

France, qu’as-tu fait de ton baptême ?

 C’est ainsi que Saint Jean-Paul II nous apostrophait vigoureusement lors de son voyage apostolique en France en 1980.  Ces derniers jours, nous avons l’impression d’être retournés à cette époque et d’avoir besoin de réentendre le saint pape ! En effet, constitutionnalisation de l’interruption volontaire de grossesse, menaces sur l’enseignement catholique avec le PLU  « bioclimatique » de la Ville de Paris et ses restrictions sur le forfait alloué aux établissements sous contrat, difficultés avec la Ville de nos voisins de Notre-Dame des Otages quant à l’accessibilité de l’église pour les véhicules funéraires en raison des travaux de le chaussée et pour finir le projet sur la fin de vie qui soulève la réprobation des évêques de France.

Ce dernier projet est bien angoissant car, outre qu’il va permettre à d’aider des personnes à mettre fin à leurs jours ce qui est contraire au projet de Dieu sur l’homme, il va aussi entrainer des soignants à collaborer avec ce projet et enfreindre l’interdit « tu ne tueras point » qui fait partie de la morale naturelle. Ces soignants vont le faire librement ou éventuellement y être contraints. Ce qui est déjà un sujet d’inquiétude pour la constitutionnalisation de l’IVG l’est aussi avec ce projet de loi. En effet, va-t-on pouvoir proposer à ceux qui le souhaitent des lieux où ils seront libres de refuser de poser de tels actes ? Va t on proposer des lieux où il sera clair pour tous qu’ils auront l’assurance qu’on les accompagnera jusqu’au bout et que l’alternative d’un abrègement de leur vie ne sera pas possible ? Et ces lieux seront ils accessibles à tous ou réservés à ceux qui pourront les financer ? Des services de soins palliatifs vont-ils être développés et financés par l’État ? L’État va-t-il financer la recherche sur le soin de la douleur ? Les soignants seront-ils libres de refuser de poser de tels actes que leur conscience réprouve ? Bien des inquiétudes sont soulevées.

Par ailleurs c’est toute la confiance entre les uns et les autres qui est battue en brèche. Comment avoir confiance en un médecin ? Comment avoir confiance en ses proches si on sait qu’ils ne partagent pas les mêmes convictions ? Il va devenir essentiel de choisir avec soin sa personne de confiance, d’écrire précisément ses directives anticipées. Ce qui est appelé « fraternité » va casser bien des relations et va faire régler le soupçon, la suspicion.

Si la loi passe, ce qui est probable, il va nous falloir, nous chrétiens, proposer des alternatives. Des diocèses, des congrégations religieuses, gèrent des établissements médicosociaux. A nous de les développer. A nous de bien gérer les embauches et de veiller à ce que le personnel soignant adhère à un projet de gestion de la fin de vie comme nous le souhaitons.

En fait, il n’y a pas que le problème du suicide assisté, c’est toute une conception de la fin de vie qui est en jeu et finalement un projet de société. En effet, nous croyons que ces moments où nous passons de ce monde à l’autre sont essentiels. C’est là que nous pouvons retrouver le Seigneur. C’est aussi là que des réconciliations, des mercis, des au revoir peuvent s’échanger. Face à la mort nous entrons dans un espace de vérité et de liberté. C’est pourquoi il est si important dans la mesure du possible de pouvoir échanger. Soulager la souffrance est primordial pour pouvoir vivre paisiblement ces moments mais sédater le patient supprime d’emblée cette possibilité. L’objectif devrait être d’aider à vivre la fin de la vie qui est souvent un concentré de vie et non d’aider à supprimer cette étape si essentielle pour celui qui meurt comme pour ceux qui restent.

Ne nous laissons pas voler ces instants si précieux. Œuvrons afin d’offrir à nos contemporains qui le souhaitent une fin de vie où ils rencontreront Dieu et leurs frères !

Père Xavier SNOËK