Heureux les artisans de paix !
Tous, nous avons été profondément choqués par les émeutes dans notre quartier en juillet. Nous mettrons plusieurs semaines, voire peut être plusieurs mois, à nous en remettre. Nos aînés ont cru revivre les heures sombres de la Libération ou de la guerre d’Algérie, d’autres des émeutes dans leurs pays d’origine. Les plus jeunes sont traumatisés. Nous avons mesuré l’ampleur des dégâts ainsi que l’incapacité des forces de l’ordre et des pompiers à intervenir dans ces cas, tant ils étaient submergés par le nombre d’appels, tant comme m’a dit celui qui a répondu au téléphone au bout de 30mn « cela brûle partout ! » Pourquoi tant de violence ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi certains applaudissent quand d’autres suffoquent dans les étages ? Ceci est complexe et là n’est pas le lieu de répondre à cette question mais à chercher, plus que jamais, à être artisans de paix dans notre quartier. Tous nous sommes responsables et avons à apporter notre pierre. L’entraide est un lieu de rencontre qui, je pense, peut contribuer à reconstituer le « vivre ensemble » si malmené ici.
Mais, attention, la violence n’est pas que chez les autres. Je suis frappé, depuis quelques mois, de constater la dureté des relations entre nous, paroissiens de Notre-Dame de Lourdes. D’abord j’ai pris conscience que beaucoup n’avaient guère envie de se retrouver pour partager un déjeuner, une journée de pèlerinage ou de retraite, d’où la faible participation aux uns et aux autres. Mais j’ai été surpris d’apprendre des paroles ou messages échangés entre paroissiens dont la teneur n’est guère charitable. Les tords sont peut-être partagés, certes, mais comment peut-on en arriver là ?
Certaines personnes disent haut et fort qu’elles sont franches et disent ce qu’elles pensent mais parfois cela manque de la charité la plus élémentaire ! Quand on entend des commentaires partagés entre une personne et son voisin alors qu’ils sont à l’autre bout de l’église, il y a un problème, comme les remarques faites lors de la sortie de la messe, à fortiori un jour de fête. Le célébrant, l’animateur de chant, le lecteur, tous ont fait de leur mieux et ils rentrent chez eux avec cela ! Autant dire que leur fête est gâchée. Nous sommes différents, nous provenons de continents différents, nous avons des sensibilités liturgiques ou politiques différentes. Entre chrétiens, il nous faut nous accueillir et quand nous allons dire quelque chose, fusse-t-elle vraie, il faut se demander avant si cela ne blessera pas ceux qui l’entendront. Attention ! La zizanie semble être particulièrement à l’œuvre devant l’église, rue Pelleport, à la sortie des messes ! Soyons vigilants ! Ne laissons pas dire ! Et si nous sommes mécontents, rentrons chez nous pour prendre un temps de réflexion. Le problème est peut-être en nous ?
En cette rentrée, il y a des besoins, à l’accueil, à la sacristie, aux fleurs, à l’animation des messes. Nous voulons recréer la chorale. Il ne pourra y avoir des nouveaux volontaires que si les anciens acceptent de les accueillir tels qu’ils sont et que si ceux-ci semblent vivre leur service dans la joie et la bonne entente.
Soyons tous, moi le premier, artisan de paix dans notre paroisse et dans notre quartier !
Père Xavier SNOËK